PIERRE-JOSEPH PROUDHON est né le 15 janvier 1809, et a ainsi grandi à l'ombre de deux grands événements, la révolution française et la révolution industrielle ; les deux, il les ressentait profondément ; le premier d'entre eux, il comprit. Il est né à Battant, faubourg de Besançon, chef-lieu du Comté Libre de Bourgogne, et son intense patriotisme local est resté une force vive dans sa vie et dans sa pensée jusqu'au jour de sa mort. Son “ petit pays ", la Franche-Comté, ne faisait partie de la France que depuis cent cinquante ans lorsque Proudhon naquit ; Besançon était une véritable capitale locale, et quelques-unes des graines du fédéralisme de Proudhon, de son aversion pour Paris et de la centralisation, ont été semées dans ces premières années. C'était un citoyen d'aucune cité, un enfant d'aucun département ; et, qu'il défende l'indépendance intellectuelle du Comté de Bourgogne contre les prétentions du Duché de Bourgogne, ou qu'il attende avec délice la reconstitution des trente nationalités submergées qu'il croyait exister en France, il se battait, non seulement pour un principe général, mais pour les souvenirs et les fidélités de sa jeunesse.